(Ptit retard dans les brefs, mais c'est parce que lui m'a pris un moment à écrire.)

Un mot: wow !

C'était vraiment 3 jours (4 nuits) hors du temps.


On cherchait à faire la jungle Amazonienne(un de mes rêves). Comme il y en a un peu partout et dans les 3 pays que l'on fait (Colombie/Équateur/Pérou), on avait le choix. Après s'être renseigné un peu partout sur Internet et avec les backpackers, Il est vraiment ressorti que l'équateur est le meilleur pays pour le faire, car plus authentique, moins touristique (au début on voulait aller à Iquitos au Pérou, une ville dans la jungle accessible seulement en bateau ou en avion, mais on a appris qu'avec le tourisme cette ville avait quadruplé de taille et s'étalait partout dans la jungle. C'était devenu bof et cher).

La ville de départ sera donc Tena en Équateur. Elle a rien de charmant mais c'est le "poste avancé" le plus proche de la jungle.

Beaucoup de tours/excursions sont organisés, bien au delà des prix et de l'esprit que l'on s'était fixé. Il y a pas mal "d'eco-lodge" (qui n'ont pas grand chose d'ecologique) avec piscine et tout le confort en plein milieu de l'Amazonie. Ou alors des tours où tout s'enchaîne à la pelle, tous les jours le même rituel, où les gens vont voir des locaux déguisés en indiens qui font des danses rituelles qui ne se font plus depuis bien longtemps.

Du coup on a pas mal hésité à faire une excursion jusqu'à ce que Céline trouve une perle sur internet : un blog qui parle de son expérience dans la jungle, pour un prix plus adéquat, "chez l'habitant" dans une communauté. Avec le mail du type !!

Finalement en contactant César, on s'arrange niveau date et prix (320usd pour 2: 4 nuits et 3 jours tout compris) et c'était parti mon kiki !


On le retrouvera à Tena et après plus de 30/45min de Jeep (pas la sienne, il n'en a pas) on arrivera chez lui !

Par rapport aux articles de blog, ça a un peu changé: depuis, Il a construit une petite maison à côté avec quelques chambres de dispo (il dit qu'il peut accueillir 15 personnes max en tout) et depuis très peu de temps il a l'électricité et l'eau courante !! Il nous explique pas mal de chose sur l'histoire de sa communauté (créée par son oncle et son père, depuis les années 50. Ils sont maintenant 400 dispersés sur une très grande surface).

Plusieurs communautés co existent dans l'Amazonie. Elles sont même regroupées en "nationalités", qui si j'ai bien compris, correspondent aux peuples ancestraux auxquelles elles se rattachent. 

La plupart de ces communautés sont démocratiques. Tous les 2 ans, ils élisent un président qui va les représenter et... Faire le boulot d'un président quoi. Il est assisté de 6 conseillers.

César a été élu 4 fois, c'est une figure très connue de la communauté (son frère l'appelle le Hugo Chavez de Campococha). C'est lui qui rachète les plátanos verdes (bananes plantains) de la communauté et les revends aux entreprises comme Pepsi. Il a également gagné des procès contre les compagnies pétrolières pour qu'ils embauchent des gens du coin. Bref, ça a l'air d'être un bon mec ce César.


Nous avons donc fait un séjour chez lui, dans la communauté campococha qui fait partie de la nationalité des kichwas, des indiens qui peuplaient la forêt depuis très longtemps.


Leur identité est forte, très forte. Ils sont kichwas avant d'être équatorien, parlent la langue kichwas (et espagnol) et parlent "d'hispano-blancos" pour parler des équatoriens blancs. Ça doit être lié au racisme envers ces communautés indigènes, qui sont souvent méprisées.

Alors, petite précision nécessaire : ce sont des indiens, mais ils ne sont pas anti "progrès": ils ont des bottes en caoutchouc quand ils doivent se promener en forêt, et portent des habits "normaux" à la place de feuille de bananier autour de la taille. Par contre, ils ont connu ces époques très récentes (moins de 10 ans) où il n'y avait pas d'eau (beaucoup n'en ont toujours pas), pas d'électricité (la plupart n'en ont pas non plus) et où il n'y avait pas de route, plaçant la ville la plus proche (Tena) à 2 jours ! Ils s'y rendaient en pirogue et à pieds. D'ailleurs, lors de notre rando en forêt, Ernesto, le frère de César, nous a raconté qu'il avait glissé sur sa machette quand il était petit et que ça lui avait coupé la main et sectionné le tendon du pouce. La ville était tellement loin (2 jours !!) qu'il ne pouvait pas y aller et sa mère l'a soigné avec une plante médicinale dans la forêt. Bon, le tendon n'a pas repoussé et ça lui fait une vilaine bosse, mais ça a cicatrisé et il s'en est tiré. Vous allez me dire... une machette 🔪 ?? Eh oui, ici tout le monde a une machette, pour couper tout un tas de trucs, allant des branches, feuilles, jusqu'au troncs d'arbres, aux fruits/légumes mais aussi aux animaux..


Durant notre séjour là bas, on a fait de belles rencontres et on a pu faire des trucs de dingue ! Je vais pas détailler ici, Céline en a déjà pas mal parlé :

 - rando dans la jungle

 - canoë/pirogue sur le fleuve

 - centre de sauvetage Animalier

 - tirs a la sarbacane, caïmans, ...

 - fabrication du chocolat à partir du cacao du jardin

 - découverte de la fabrication de leur alcool traditionnel, la chicha de yuca (Manioc)

 - Visite de l'école de la communauté

 - construction d'un radeau de fortune avec des troncs d'arbres et une machette

 - recherche d'or dans le fleuve (on en a trouvé quelques paillettes à chaque fois)

 - repas avec un gros vers blanc


Je vais plutôt essayer de parler de notre ressenti et des anecdotes racontées.


La première chose que nous a fait visiter César, c'était notre chambre. J'ai été surpris en bien d'y voir un lit avec moustiquaire, j'imaginais plus rustique que ça.

La deuxième choses que nous a expliqué César ? C'est les plantes qui poussent juste en face de notre chambre : de la "droga" et de l' Ayahuasca (qui est aussi une drogue utilisé par les chamans, très connue). Ce n'est pas interdit d'en faire pousser. D'ailleurs, il n'en a pas fait pousser, ce sont des arbustes qui poussent partout par ici et qui sont associés à pas mal d'histoires.


Durant notre séjour on a eu droit à plein de mythes et légendes qui se racontent ici, comme le serpent qui frappe les menteurs, les arbres qui capturent ta maladie si tu tournes vite autour et que tu pars en courant, ou encore les herbes qu'il faut utiliser si tu veux les choper (si si).


En dehors des mythes, il y a de vraies connaissances autour de la nature, des arbres et plantes médicinales. Il y en a pour tout. Même du venin pour sarbacane et pour réduire les têtes. Quand j'ai demandé si Ernesto en avait déjà fait (des têtes réduites) il m'a répondu que non car il a pas encore eu l'occasion de découper une tête. Merci Ernesto... Range ta machette stp ^^


Le "chauffeur" de pirogue nous a également raconté des choses très intéressantes. Il était curieux, et ça tombe bien, moi aussi. Il avait notre âge et a déjà 2 enfants... Le premier il l'a eu à 16 ans... Quand j'ai dit que c'était tôt il a rigolé et a dit qu'ici (je sais pas s'il parlait des communautés ou de l'Equateur en général) il était très courant d'avoir un enfant dès l'âge de 12 ans. Ouais... 12 ANS. On a halluciné mais il était très sérieux. Il dit que généralement ça finit par être des mères qui élèvent seules leur gamin car le "père" (12 ans...) se barrait... 

On pensait que c'était souvent les grandes sœurs qui promenaient leurs petits frères/sœurs... Non non...


D'ailleurs, il semble qu'il y ait une autre caractéristique visible dans la communauté : les familles nombreuses. La voisine (Yadira), qui se chargeait de faire à manger, avait une multitude de frères et sœurs qui venaient chacun leur tour l'assister (César fait travailler les gens de la communauté, ce qui permet de redistribuer un peu l'argent). On a bien sympathisé avec Yadira et certains de ses fêtes et sœurs. Yadira est très gentille , bien qu'un peu timide. Par contre, son petit frère Venici (12 ans je crois) est beaucoup moins timide. Chaque soir il voulait jouer au yam's avec nous (il a même gagné une fois l'enfoiré😊), on a partagé nos styles de musique et fait quelques bras de fer. Il a regardé aussi toutes les vidéos que j'ai faire depuis le début du voyage.


Le dernier jour, jour où on avait prévu de visiter la communauté, deux choses m'ont surpris :

 - Déjà, on est allé chercher de l'or. Mais genre, vraiment. Pendant notre navigation sur le radeau que l'on a construit avec des troncs d'arbres, on s'est arrêté sur une sorte de plage, et on a chercher. Et on a trouvé !! A chaque coup, on récupère quelques paillettes. D'après César, il faut environ 12 passages pour pouvoir récupérer 1g et se faire 35$. C'est pas déconnant vu ce qu'on a trouvé. Et de l'or, il y en a partout en Amazonie. La plupart des propriétaires interdisent l'accès aux entreprises qui utilisent des énormes machines excavatrices. Reste les gens de la communauté qui recherchent de temps en temps et vont vendre l'or à la ville.


 - Quand on a vu la fabrication de chicha de yuka faite par une femme ou alors lorsqu'on est allé mangé dans la "maison" d'une famille de la communauté, on a ressenti une certaine gêne... Les gens parraissaient distants, timides. Du coup j'en ai parlé a César (en vrai j'avais déjà un peu abordé le sujet au début) et je lui ai demandé pourquoi ils étaient timides et si les touristes étaient bien vus ici. Il nous a précisé dès le début qu'ils sont un peu timides mais "dès que lui il boit un coup de chicha, il s'arrête plus de parler après". Comme par chez nous en fait 😊.

 Mais le plus intéressant, c'est quand ill nous a expliqué qu'il y a quelques annees, les touristes étaient mal vu, principalement parce qu'on est riche et qu'ils comprenaient pas pourquoi on leur foutait pas la paix, mais aussi parce que les touristes sont beaux. Oui, vous avez bien entendu ils trouvent les blancs (touristes) beaux comparé à eux. Il y avait beaucoup de jalousie et de honte. Maintenant, ces ressentiments n'existent plus (ou en tout cas moins). On pense quand même que les gens que l'on a croisé se sous estiment beaucoup par rapport à nous, ce qui a créé un petit malaise de temps en temps.


Enfin, on m'a demandé de parler de ce que ça faisait d'avoir été déconnecté totalement pendant quelques jours. Et bien, franchement : pas grand chose. Ça fait bizarre un peu au début , ensuite on s'habitue. Mais au final, ça ne nous a pas fait "un bien fou" de nous couper de la civilisation "connectée", ou autre chose du style. On a pas trouvé de réponses essentielles sur notre vie en n'ayant plus de lien avec l'extérieur pendant quelques jours ^^


[Musique de la série Bref]


Bref, c'était notre séjour dans l'Amazonie, et franchement, c'était exceptionnel



Vidéos :

On a pas été d'accord sur la musique du montage. Cécé n'aime pas Polo y Pan alors on a fait 2 vidéos (seules les musiques changent):


Micka :

Cécé :